L’interdiction du mercure dans les amalgames dentaires : une avancée nécessaire
Le 1er janvier 2025 marque une étape importante pour la santé et l'environnement en Europe : l’interdiction totale du mercure dans les amalgames dentaires. Bien que ce matériau ait longtemps été plébiscité pour sa solidité et sa durabilité, sa toxicité a poussé l'Union Européenne à bannir définitivement son usage pour protéger les patients, les professionnels dentaires et notre écosystème.
Le mercure, autrefois essentiel mais désormais dépassé
Pendant des décennies, le mercure a été largement utilisé en dentisterie, notamment en alliage avec d'autres métaux comme l'argent, l'étain ou le cuivre. Ces "plombages" permettaient de combler efficacement les caries en créant un amalgame durable, résistant aux forces masticatoires. Cependant, des inquiétudes de plus en plus marquées quant à la toxicité de ce métal lourd ont conduit à des restrictions progressives. Depuis 2018, les soins dentaires contenant du mercure étaient déjà interdits pour les femmes enceintes, les mères allaitantes et les enfants de moins de 15 ans.
En France, pour des raisons esthétiques et de santé, les amalgames au mercure ont été largement supplantés par des matériaux composites, souvent à base de résines, qui imitent la couleur naturelle de la dent. Cette transition permet de minimiser les risques d’exposition, non seulement pour les patients, mais aussi pour les dentistes et leurs assistants, qui manipulaient régulièrement le mercure, exposant leurs voies respiratoires à des vapeurs toxiques.
Le danger du mercure pour la santé humaine
Le mercure est un métal lourd extrêmement toxique, particulièrement dangereux pour les populations vulnérables, notamment les enfants et les fœtus. Lorsqu'il est inhalé sous forme de vapeurs, il peut atteindre les reins et le système nerveux. Il est capable de traverser la barrière placentaire et de contaminer le lait maternel, ce qui expose les nouveau-nés à des doses potentiellement dangereuses.
Les enfants, en raison de leur poids plus faible et de leur système d’élimination immature, sont également plus sensibles au mercure. L’interdiction de son usage dans les amalgames dentaires est donc une décision salutaire pour leur santé.
Les alternatives aux amalgames : entre avantages et limites
Bien que cette interdiction constitue un progrès, les matériaux de substitution ne sont pas sans inconvénients. Les résines composites, qui remplacent désormais les amalgames, sont certes esthétiques et exemptes de mercure, mais elles nécessitent parfois des remplacements plus fréquents. De plus, certains de ces matériaux contiennent du bisphénol A (BPA), un perturbateur endocrinien dont les effets sur la santé font l'objet de recherches continues.
De plus, les patients portant encore des amalgames contenant du mercure continuent de relâcher, à chaque mastication, de faibles quantités de mercure dans leur organisme. À ce stade, il n’est pas recommandé de retirer ces amalgames s’ils ne posent pas de problèmes spécifiques, car leur retrait peut libérer une quantité importante de mercure. Seuls des soins nécessaires, comme le traitement d’une carie ou la pose d’une couronne, peuvent justifier leur dépose avec des précautions strictes.
La pollution globale au mercure : une problématique toujours d’actualité
Malgré cette interdiction, le mercure dentaire représente une infime part de la pollution mondiale par ce métal. L’orpaillage en Amazonie, la combustion de charbon en Asie, les rejets industriels et l’incinération des déchets sont autant de sources majeures de contamination. Une fois libéré dans la nature, le mercure se transforme en méthylmercure, un composé organique particulièrement toxique qui s'accumule dans la chaîne alimentaire, contaminant poissons et fruits de mer. Le thon, l’espadon et le requin, par exemple, en contiennent des niveaux élevés en raison de leur position de prédateurs dans l'écosystème marin.
En limitant notre consommation de ces poissons prédateurs au profit d'espèces plus petites comme le saumon, le maquereau ou les sardines, nous pouvons réduire notre exposition au mercure tout en profitant des bienfaits nutritionnels des acides gras oméga-3.
Vers un avenir sans mercure
L’interdiction du mercure dans les soins dentaires en Europe marque une avancée importante vers la réduction de notre empreinte toxique sur l’environnement. Néanmoins, la lutte contre la pollution au mercure reste un défi mondial. La préservation de la santé publique et de la biodiversité dépendra de notre capacité à réduire les émissions de mercure dans tous les secteurs, des pratiques industrielles aux choix individuels en matière de consommation.